14 janvier 2015

T'as ton Charlie, toi ?

Bonjour,


Le titre de cet article vient d'une conversation entendu ce matin en allant travailler. La seconde personne a répondu que non, parce que Charlie était déjà épuisé.
 
Depuis que l'on sait que Charlie Hebdo va continuer, avec pour ce mercredi un numéro spécial "survivants", je me suis posée la question (oui, je me pose tous pleins de questions, tout le temps, pour des fois pas grand chose, que veux-tu) ; est-ce que JE dois acheter ce numéro ? Oui, avec un JE majuscule et en grand, puisque la question et les réponses qui ont suivi ne concernent que moi. Les autres personnes font après tout ce qu'elles veulent, qu'elles achètent ou pas Charlie Hebdo, c'est leur droit. 

J'ai trouvé des réponses, au fait de l'acheter ou non. J'ai pesé le pour et le contre. Dois-je faire mon "mouton", comme certain ? N'est-ce pas une manière de dire non à tout ce qu'il s'est passé ? N'aurais-je pas de la curiosité malsaine, un peu morbide aussi ? N'est-ce pas une manière comme une autre de dire que je les soutien, même si je n'aime pas leur ligne éditorial ? Effet de mode ? N'est-ce pas une manière de montrer que je dis NON au terrorisme, non à tout ça ? Comme tu vois, j'ai plein de raison pour le faire et ne pas le faire.

Mais en fait, je savais dès le départ que oui, j'allais l'acheter. Dès que je me suis posée la question, pour tout dire. J'ai cherché des raisons ou pas de le faire pour me donner bonne conscience. Je ne suis pas une lectrice de Charlie Hebdo. J'en ai lu, il y a un moment. Je n'ai pas aimé leur ligne éditorial. Par contre, je ne suis pas contre la critique, ni contre les caricatures, surtout si elles me font rire et réfléchir. Or, les quelques Charlie que j'avais déjà lu l'avaient fait. 

Je pense aussi, réellement, que ce numéro là, celui des survivants est un numéro historique. Oui, historique. Comme l'attentat contre leurs locaux, comme les prises d'otages, comme ce qu'il va se passer après. Je pense que ce numéro-là est la preuve, que nous, français, nous, citoyens du monde, nous ne baisseront pas les bras devant la barbarie, devant le terrorisme (et je parle de tout les genres de terrorisme). Que nous disons non à tout cela. 

Un jour, lorsque Poupette sera plus grande, je veux lui montrer ce numéro, lui dire "regardes, des gens sont morts parce qu'ils exprimaient leur pensée, qu'elle ne plaisait pas à tout le monde. Mais tu vois, ils ne se sont pas battu pour rien. Ils ne sont plus là, mais la France est toujours début, et (j'espère vraiment), elle est soudée, elle dit non en bloc. Tous autant que ne sommes." Et franchement, je crois que c'est la meilleure réponse à ma question. 

Alors, ce matin, après mon petit café, je suis allée à la presse à côté. Et aussi à celle qui est près de mon travail. Je t'avoue, Charlie n'y était pas. N'y était plus, en fait. Je n’achèterais donc pas Charlie aujourd'hui. Mais je le ferais demain, ou après demain s'il faut attendre jusque là. Mais je le prendrais, pour montrer à ma fille qui nous sommes, que nous pouvons dire non et surtout nous relever des épreuves, même les plus terribles.

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