12 janvier 2015

Ces derniers jours...

Bonjour,


J'ai passé une semaine de léthargie totalement. Bloquée devant la télévision, à attendre, à comprendre, à m'émouvoir, à stresser la plupart du temps, bloquée au travail à faire pareil tellement les évènements m'ont perturbé. Bloquée face au reste de ma famille car la vie continue et chez nous, elle n'est pas rose en ce moment. J'entamais 2015 en espérant qu'elle m'apporte ce que 2014 n'avait pu faire. J'ai l'impression de mettre tromper. Cruellement. Que se soit dans l'actualité ou dans ma vie privée, rien ne semble aller mieux. J'ai envie de me dire que si je réagis si durement à ce qu'il se passe dans la sphère familiale (au sens large, puisque cela concerne plus mon frère que moi), c'est aussi à cause de ce qu'il a pu se passer en France. Les deux évènements ont coïncidé, me plongeant dans un espèce de trou noir dont je peine à sortir.

Si j'ai réellement été émue par l'union de la France, des français suite à l'attentat à Charlie Hebdo puis aux deux prises d'otages, je continue à ne voir que du noir. Il faut dire que l'actualité de ma région n'aide pas. Vendredi soir, braquage et prise d'otage (qui s'est bien fini) à Montpellier, aujourd'hui, au moment même ou j'écris, un forcené menace de faire sauter son immeuble dans ma ville. Et je ne parle même pas des actes contre les mosquées ou les musulmans des derniers jours. Putain, mais où va-t-on comme ça ? Va-t-on réellement laisser à nos enfants un monde qui part à vau l'eau ou l'on tue pour le plaisir de tuer, pour un dieu qui n'a rien demandé ? J'aimerais tant dire que je n'ai pas peur. J'aimerais ne pas avoir peur, d'ailleurs. Ce n'est pas le cas. Je n'ai pas peur pour moi, j'ai peur pour ma fille, sa génération.

Depuis mercredi, je ne sors pas la tête de l'eau. Je n'y arrive pas. Je me demande où va le monde. Je me demande où je vais, moi. Où va ma famille. Dans quelle merde on est en train de tomber. La vie continue, mais chez moi, chez mon frère, chez ma mère, elle ne continue pas comme nous le voudrions. Plus de rire en ce moment. Juste des pleurs, ceux de mon frère, et des cris, ceux des autres. Ouvrir les yeux. On lui demande ça à longueur de temps. Pour son bien. Et nous, au final, on s'enfonce. On s'enfonce avec lui, parce qu'il a besoin de nous, du clan. Comme la France a eu besoin de tout son peuple. Oui, je sais, l'analogie n'est pas géniale, notre vie familiale n'a rien à voir avec les attentats. Mais puisqu'ils sont arrivés en même temps... 

Aujourd'hui, mon frère a repris le chemin de son appartement. Le calme revient petit à petit, que se soit à la télévision, en France et chez nous. Je devrais être soulagée, non ? Et pourtant. Je ne le suis pas. Je ne sais pas ce qu'il va arriver à mon frère, à sa femme par la suite. Oui, non ? Même lui ne sait pas pour le moment. Je ne sais pas ce qu'il va arriver à la France à présent. L'élan de solidarité va-t-il être remplacé par un racisme toujours plus présent ? Depuis ce matin, je me pose des tas de question, sur l'attentat et ses suites, sur mon frère et la suite. En fait, non, ce n'est pas depuis ce matin, c'est depuis mercredi. J'en dors mal la nuit parce que je suis incapable de trouver des réponses. J'y pense sans cesse, parce que je suis incapable de trouver une réponse, peut-être pas la bonne, mais au moins une.

Aujourd'hui, j'ai juste besoin de ne penser à rien, de me dire que la vie continue et que finalement, qu'elle soit rose ou noire, c'est pareil. Au moins, je vis. J'ai envie de le crier à mon frère. Putain, nous sommes en vie. N'est-ce pas le plus important ? Mais je n'y arrive pas. Parce que trop de chose se contredisent dans ma tête. Trop de chose qui ne veulent pas en partir. Et je m'enfonce. Je m'enfonce sans le montrer (comme d'habitude). J'ai l'impression que moi, la plus jeune des adultes de la famille, je dois porter trop de chose sur mes épaules. Et cela depuis trop longtemps. Je plie le dos et je m'enfonce. Je sombre, petit à petit. Et parfois, je relève un peu la tête. Parce qu'il y a Chéri, parce qu'il y a Poupette. Et parce que finalement, je vis.

Cette semaine, cette dure semaine, m'a fait comprendre cela. Je vis. Quoiqu'il se passe, quoiqu'il arrive, je suis et je reste en vie. Et rien que pour ça, je dois continuer et me relever. Comme la France l'a fait dimanche, comme elle le ferait, je l'espère, encore longtemps.

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